jeudi 23 février 2012

Spécial caca


« C’est la merde
Crotte de bique
Il fait un temps de merde
C’est merdique »

 Paul Verlaine

Il est affligeant de constater qu’on associe systématiquement à la merde des concepts négatifs ou peu valorisants.
Un film de merde, par exemple, ça n’est pas un film dans lequel les gens font caca, c’est seulement un mauvais film. Alors qu’un film de cul, c’est bien un film dans lequel les gens font des trucs avec leurs derrières.
Ce n’est pas très poétique de parler du caca, néanmoins, même les plus grands poètes font caca.
Mais bon, c’est un sujet qu’il vaut mieux éviter si vous voulez faire carrière dans la poésie, ce qui n’est certes pas mon cas.
On découvrira mon œuvre poétique après ma mort, et ce sera la moindre des choses, car si j’ai une ambition, c’est bien celle d’être un poète posthume.
À mon sens, il n’est de vrai poète que posthume, les autres sont des chansonniers.
Je sens bien que revaloriser la merde, ça ne va pas être du gâteau, trop d’à priori négatifs pour qu’on dise un jour à table : «  le gigot était merdique, je tiens à féliciter la maîtresse de maison »
Tout de même, s’il y a un domaine, ( où l’amour sera roi où tu seras reine ), c’est bien celui de la merde générale qu’on nous sert en permanence.
La mouise, la mouscaille, la panade, une véritable panacée.
Vous êtes dedans, mais grâce à ceci ou grâce à cela, grâce à une main de fer dans des bottes à clous, une France forte et la légalisation des machines à sous, nous allons vous en sortir. France éternelle, France qui gagne, Force tranquille…
C’est surtout fort en gueule, qu’elle est, la France.
L’unité de mesure de la merde, c’est le 1929.
« Nous vivons la plus grande crise depuis 1929 », ça veut dire qu’avant, tout allait bien, on avait pas encore de thermomètre.
L’état naturel de la société humaine, c’est la crise, c’est la merde, quand tout va bien, c’est qu’il va se passer quelque chose, ça ne présage rien de bon.

1 commentaire:

A.DAN a dit…

Une autre unité de mesure que j'affectionne est ... la grenouille. Je m'explique: une expérience étonnante consiste à plonger une grenouille dans un bain d'eau bouillante, et une autre grenouille dans un autre bain celui-là à température ambiante mais que l'on chauffe progressivement jusqu'à bouillir. La 1ere bestiole sautera hors du bain et s'en tirera, la 2eme va rester au chaud et va en crever. Je suis sûr que si on replace la t° par de la merde on constatera la même chose: à petite dose, on s'habitue. "Étonnant non?" (Desproges)