Les grands alboums
de BD cartonnés/couleurs des aventures d’aventuriers aux graphismes habiles et
formatés qui remplissent les officines des libraires spécialisés, je ne les
regarde plus depuis longtemps.
Je vais directement
dans le coin obscur où sont remisés les quelques exemplaires parasites des
éditions « indépendantes », les vilains petits canards de la
« small press », du « do it yourself », les petits livres
bricolés, pour causer Français.
Il y a certainement
des choses très bien dans cette BD « commerciale » que je ne lis pas,
mais je n’ai plus l’œil pour les dénicher, je ne vois qu’une bouillie de
dessins stéréotypés, repassant à l’infini les plats et les styles des auteurs à
succès.
Le problème de
cette bande dessinée, c’est qu’elle est encombrée.
Encombrée de
suites, de reprises, de séries qui n’en finissent plus.
Encombrée de scénarii
sans inspirations parce que les scénaristes ont besoin de produire beaucoup
pour vivre de ce travail. Malheureusement les revenus de cette activité ne
permettent pas de faire un bon livre tous les deux ou trois ans.
Dans le meilleur
des cas, des histoires bien ficelées, réalisées par d’honnêtes dessinateurs,
pour un public de moins en moins nombreux et submergé par la masse de livres à
sa disposition.
S’il s’agit d’un
travail de création tout à fait honorable, dont il n’est pas question d’avoir à
rougir, il est néanmoins dépourvu d’une qualité essentielle : la liberté.
On est pas souvent
libre, quand on doit séduire un lecteur et en premier lieu un éditeur qui n’a
d’autre but que de trouver le truc qui se vendra bien, le saint Graal recherché
aussi, il faut bien l’avouer, par les auteurs dont l’objectif est plus d’avoir
du succès que de faire un bon livre, ( si si, ça existe, je vous assure !
)
C’est la raison
pour laquelle, ce que l’on peut trouver de plus original, de plus audacieux, de
plus personnel, se déniche la plupart du temps chez des « petits éditeurs
indépendants » et dans un cadre encore plus débridé, chez ceux qui font
leurs livres eux même.
On est pas nombreux
à chercher ces petits fascicules souvent photocopiés, et pourtant, ils ont la
beauté des choses rares, ( pas tous, il y a là aussi des merdes, mais ce sont
souvent des merdes touchantes, ce qui n’est déjà pas si mal ! ).
Allez jeter un œil
sur le site « Un fanzine par jour » à l’occasion, il présente une
belle collection de ces ouvrages marginaux. J’ai été surpris d’ailleurs d’y
trouver le tout premier tirage de mon album Castor Joseph qui fut édité plus
tard par Mosquito.
Une rareté puisque
cette première mouture, qui présente pas mal de différences avec l’édition en
livre, n’est que de 10 exemplaires ( 48 pages photocopiées et reliées par une
ficelle, « éditions » Unicornis collection « Bout
d’ficelle » -1996 ).
J’ai toujours adoré
faire ces petits trucs bricolés, comme mes « mini-comix » dont le
tirage fabuleux est d’une trentaine d’exemplaires, la plupart réservés aux
copains.
Pour ceux d’entre
vous qui aiment ce genre de chose, je vous invite à regarder attentivement le
blog de Julien Lauber, à ma connaissance le seul peintre sur pois chiches encore
en activité. C’est un garçon qui fait l’équilibriste entre foutage de gueule et
art contemporain, ( pléonasme ? ), et qui propose des petits livres photocopiés, dont un « Tintin O’Congo » à la fois iconoclaste et
respectueux.
C’est par là : Le blog de Julien Lauber
Une fois chez lui, cliquez sur la catégorie "Livre" pour accéder à ses productions et notamment son Tintin.
Une fois chez lui, cliquez sur la catégorie "Livre" pour accéder à ses productions et notamment son Tintin.
2 commentaires:
Oh combien tu as raison au sujet des zines ... Je ne peux m'empêcher d'être nostalgique de Mister Green, un chouet' petit bouquin où j'ai fait mes armes mais surtout où la sensation de liberté était de mise. Non pas que je me sente la chaîne aux pieds aujourd'hui dans les choses que je publie, loin de là, mais ce furent des histoires ou des dessins des plus avec ce côté attendrissant de l'"imperfection" ou plutôt de l'"essai". Le temps me manque aujourd'hui de crayonner sans queue ni tête. Des expériences sont nées aussi de mags que je catégoriserais dans la veine expérimentale des fanzines comme Métal Hurlant qui devint autre chose certes mais où il y avait un grain de folie et posa d'autres bases dans la BD par ex.
Merci beaucoup pour le coup de pousse en fin d'article ! Dans un système dominé par l'argent roi qui prend des risques ? Tout le monde (du moins dans le milieu de la bd) déplore l'absence de la presse bd comme dans les années 60-70 mais rien ne se passe pour autant, ceux qui subsistent sont des supports de prépublications pour ainsi dire (et même le fond qui devait resté a priori inédit des revues prestigieuses d'antan a été totalement pillé). Un gars comme Druillet arriverait aujourd'hui il publierait où ? Enfin il pourrait finir par publier mais ça serait sans doute dans une publication où il ne gagnerait pas un centime. Après une fois qu'on a fait ce constat qu'est-ce qu'il reste à faire ? Le plus dur n'est pas de créer mais d'avoir une visibilité.
Enregistrer un commentaire