C'est fou ce que je peux avoir comme idée à la con !
Prenons par exemple cette histoire d'autoportraits dessinés, j'ai trouvé ça amusant, mais je n'avais pas réfléchi à tout ce qu'on peut tirer comme enseignements de la pratique ou non du selfie chez nos contemporains des pixels.
La représentation du corps et sa mise en scène de façon spontanée dans le décor somptueux d'une salle de bain ou reflétée dans le miroir de la chambre, je trouve ça très intéressant. Au delà du geste narcissique qui consiste à capturer son image, ces images du corps vont ponctuer désormais, semble t-il, les étapes de notre vie jusqu'à la décrépitude et la mort.
Un dernier selfie juste avant la mise en bière,( avec retardateur ), et la boucle est bouclée depuis la première image : le film de l'accouchement par Francis Ford Papa au camescope numérique, ( avec hélicoptères et chevauchée des Walkiries ! )
Personnellement, j'ai du mal à filmer la vie et même à la prendre en photos. Je n'arrive pas à faire deux choses à la fois, et je trouve toujours incongru de voler l'image des gens à brûle pourpoint.
Je vois bien que tout le monde fait des photos tout le temps, mais ce truc là reste encore pour moi un peu magique, j'ai peur de prendre votre âme.
Alors qu'avec un bon vieux dessin pas ressemblant, ( les gens ne se trouvent JAMAIS ressemblants ), c'est pas du vol, c'est juste un emprunt.
J'ai dans un coin du cerveau des photographies que je n'ai pas prises tout en sachant que ça aurait pu faire une photo du tonnerre, mais moins bonne que le souvenir de l'instant à jamais perdu.
Des autoportraits, il y en a toujours eu, mais avant l'invention de la photographie, il fallait savoir dessiner ( ou alors faire de la photocopie comme Jésus de Nazareth et son saint suaire ! )
Des photographies de son propre corps, il y en a eu, mais avant le numérique, il fallait les faire développer, ça dissuadait quand même pas mal de monde de se photographier tout nu avec son petit canard en celluloïd.
Aujourd'hui, parce qu'il est plus facile de capturer une image on éprouve aussi une plus grande facilité à la libérer, ça induit sans doute un rapport différent avec sa propre représentation et celle de son corps.
C'est un phénomène nouveau dans l'histoire de l'Humanité qui n'a pas plus d'importance que le reste, mais pas moins non plus.
Imaginez qu'on aurait pu avoir des selfies de Shakespeare ou de Cléopâtre s'il y avait eu le numérique à leurs époques !
Quant aux dessins de corps plus ou moins dénudés, réalisés ici, l'idée est de partir de la mode du selfie, le bas de gamme de l'autoportrait, pour lui donner un petit vernis artistique.
J'aime la multiplicité des morphologies, le contraire de l'image du corps propagée par la société de consommation, et j'aime aussi la curieuse déformation des mains au premier plan et la mise en scène minimaliste de l'image, souvent vite faite, avec des trucs qui traînent derrière. c'est un petit morceau d'univers, un instantané de quotidien.
Je sais que le rapport avec son propre corps est parfois compliqué et la façon de plus ou moins le dévoiler est aussi un élément qui fait que chaque image est unique. Je continuerais cette série en fonction des arrivées de photographies "d'appareils photos avec gens derrière" !
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