mercredi 11 juin 2014

Aux sombres héros de l'amer



Grande nouvelle, deux auteurs de BD arrêtent.

Ils ne font plus de BD, c'est terminé, c'est trop dur, le métier est trop difficile.
Vous n'avez pas eu l'info ?
C'est parce que vous ne faites pas partie du petit monde de la BD qui se regarde le nombril.
Des auteurs qui arrêtent, il y en a tout le temps, je ne sais pas pourquoi ces deux là sont plus intéressants que les autres.
Peut-être parce que d'après l'article de Rue89," Les auteurs de BD se cachent pour mourir", ces auteurs sont "estimés par leurs pairs et la critique", ( j'ai entendu dans un coin de mon cerveau reptilien, l'écho de la voix du Professeur Choron dire "Qu'ils crèvent !" ).
Ah, voilà, d'accord !
Moi, quand je me cacherai, mais pas pour mourir sur sur Rue89, tout le monde n'en aura rien à foutre parce que je ne suis pas estimé par mes pairs et la critique. 
Du coup, ce sera encore plus triste et sordide comme histoire.
Si ça se trouve, un bon scénariste,( un qui est estimé par la critique et ses pépères ), se dira "tiens, ça pourrait faire un triptyque intéressant, je vais demander à Dargraud de me trouver un bon dessinateur, un qui est estimé par les critikacouatiques et leurs paires et en route vers les prix œcuméniques et Angoumoisins !"

Que la vie d'auteur de BD soit difficile et qu'il faille se battre pour essayer d'améliorer les choses, c'est un fait, mais le combat ça se mène debout, pas à genoux dans ses larmes.
Ces artistes qui n'aspirent qu'à la normalité me donne moins envie de pleurer que de vomir. 
À quel moment, la vie d'artiste a t-elle été synonyme de stabilité et de banalité ?
Vous faites injure à tous les créateurs morts dans la misère que compte l'histoire de l'art.
La seule noblesse de l'artiste c'est justement qu'il est incapable d'être autre chose,( Jamais l'artiste ne sera un président normal! )
Si toute la force de conviction qui est en vous pour exercer votre art se résume à gagner votre vie normalement, vous faites bien d'arrêter, mais par pitié, n'essayez pas de faire pleurer dans les chaumières.
Personne n'en a rien à foutre que vous cessiez de "faire de la BD" comment est-il possible que vous ne l'ayez pas compris ?

Alors s'indigner ou se résigner ?
La mode est à l'indignation factice et à la résignation larmoyante.

Ce que vous voulez, c'est faire partie du petit nombre d'élus qui rencontrent le "grand public", le succès et gagnent assez d'argent pour devenir de bons bourgeois suffisants.

Si ce miracle des miracles était arrivé, on ne vous entendrait pas pleurnicher sur les difficultés du "métier". 
Vous vous pavaneriez de festivals en festivals avec cet air satisfait du crétin légitimé par le succès.

Ah mais bon sang ! Qu'est-ce que je raconte ?

Ces deux auteurs ne sont pas des pégreleux aigris, ce sont des cadors estimés par la profession et ses pairs ! ( qui ont connu les affres du succès public qui plus est ).
C'est pour cela que leur "double annonce a un fort retentissement", et que d'aucuns trouveront dans leur geste un certain courage.
Ma "lettre ouverte" pleine de fiel n'est qu'un pet de lapin dans cet ouragan de compassion qui va déferler sur la profession !
Pour couronner le tout, ce sont certainement deux gars très sympathiques avec des tas d'amis et de lecteurs, tout le contraire de moi.

Oubliez tout,les mecs, j'ai réagis un peu impulsivement. 
Votre légitime mal-être en étendard, portez haut les couleurs de notre noble art dans d'autres secteurs d'activités plus rémunérateurs. 
Bon vent à vous deux, chers confrères que je n'ose appeler camarades.





1 commentaire:

Philippe Caza a dit…

Je suis avec toi. Un peu disparu déjà grâce à la retraite, celle de l'Agessa et celle de l'IRCEC qui fait tellement hurler les intermittents de la BD…