mardi 12 mai 2020

Lettre ouverte d'un décrocheur


Trop long, trop chiant, trop tout, j’ai décroché du monde réel ou soi-disant tel.
Décroché de ces infos non-stop sur un virus, sur un seul et unique sujet, décroché, (libéré, délivré ?) de ces avertissements et injonctions péremptoires : 

“Restez chez vous ! Ne sortez pas ! Mettez un masque ! 
Sauvez des vies ! Portez-vous bien !”

J’ai la furieuse envie de leur dire “Ta gueule !” 
Vous êtes qui tous, qui vous croyez autorisés à m’avertir, me contraindre, me sauver ?
Par les ondes, par les posts sur les réseaux sociaux, comme il est beau votre courage, votre sens civique, qu’elle est belle votre compassion… 
Si je vous avais en face, vous prendriez ma main dans la gueule illico presto et je ne suis pas d’un naturel violent. 
Mais face à face avec quelqu’un, si tant est que ça ait encore un sens aujourd’hui, personne n’oserait être aussi vindicatif et arrogant (moi non plus !)
Le cul confiné, les biens pensants nous ont servi leurs héros, leur génies, leurs analyses précises de la situation, leurs conseils de merde, le journalisme de chambre se porte bien, merci.
C’est devenu tellement chiant et triste et médiocre dans la forme et dans le fond qu’on se demande comment on ne s’est pas tous suicidés en les écoutant.
Quoi qu’il arrive demain, je n’en reprends pas pour une semaine, un mois, un an…
C’est terminé, je suis un décrocheur de la réalité.
Il faudra m’attraper au lasso, me vacciner de force, m’abattre peut-être... je suis un indien, je suis un virus, je suis libre.

Mais je ne suis pas dangereux parce que je ne sors jamais de ma cellule capitonnée.

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