Moi aussi, j’ai complètement raté ma coupe du monde, comme Domenech, comme Éric Woerth, comme Rama Yade. Ça arrive, on appelle ça une Bachelotte.
Une Bachelotte, c’est une catastrophe pas grave.
« Souvent, du côté de Guermantes, se mettait à tomber une tuile du toit de l’église de Combray, un peu de vent faisait envoler un corbeau et Madame Verdurin, regardant le fragment, s’écriait : « Bachelotte ! »
Marcel Proust : « Du côté de chez Swann »
Un peu de culture en ces temps de crise mystique de la société capitaliste, car il n’y a pas que le football dans la vie, comme l’a prouvé Raymond Domenech, grand amateur de théâtre. Croyez-moi, on est pas près de retrouver de sitôt un tel dramaturge : « N'importe, écoutons tout, et ne négligeons rien.
Examinons ce bruit, remontons à sa source.
S'il ne mérite pas d'interrompre ma course,
Partons ; et quelque prix qu'il en puisse coûter,
Mettons le sceptre aux mains dignes de le porter ».
Hippolyte dans Phèdre de Racine.
J’ai toujours bien aimé Racine, pour la musique, essentiellement, parce que ces histoires d’amours tarabiscotées entre Grecs, on y comprend vite plus rien et pourtant, ce n’est pas sans rapport avec les émissions simplistes de télé réalité où l’on enferme plein de jeunes gens bourrés d’hormones dans des appartements meublés par Ikea. Au fond, il suffirait de les faire dialoguer en alexandrins pour que ça ait tout de suite plus d’allure. En fait, il faudrait enfermer des rappeurs comme Joey Starr.
Bon, ça suppose de d’abord les faire sortir de prison, c’est compliqué.
Joey Starr, il a déclaré un truc très drôle, un jour je l’ai entendu dire à la radio :
« Je suis le Guy Roux du Hip-hop. » Allusion à sa longévité sur la scène Rap, (comme on dit dans « Les Inrocks »).
C’est drôle, mais seulement si on s’intéresse au football, comme quoi, on y revient toujours, même en passant par Racine et la tragédie Grecque.
Qu’est-ce qu’on retiendra de cette coupe du monde, à part le bourdonnement des vuvuzellas et les prédictions de Paul le poulpe, « l'oracle d'Oberhausen » ?
Un poulpe qui fait les bons choix, ça fait rêver non ?
Il paraît qu’Henri Guaino s’entraîne dans un aquarium, on devrait entendre les résultats bientôt dans la bouche de notre ouistiti en costume.
Les Allemands, ils ont le chic pour les noms : « l'oracle d'Oberhausen » c’est tout de suite impressionnant. Plus, en tout cas, que « l’oracle d’Issy-les-Moulineaux » !
C’est comme le nom de leur équipe, la « mannschaft », ça fiche la trouille, alors que ça veut juste dire « l’équipe ». La Nationalmannshaft, brrrr ! Ça fait froid dans le dos, c’est comme si tu devais jouer contre la Wehrmacht, (et pourtant, Wehrmacht, ça veut juste dire « force de défense », comme quoi, en 40, si on avait mieux parlé Allemand, on aurait tout de suite compris que c’était des pacifistes).
Nous, on manque d’imagination, on s’appelle « Les Bleus » ce qui est pratique pour faire des titres avec des jeux de mots à la con dans la presse, mais ça manque de panache.
Sur les bus des équipes en Afrique du sud, il y avait des slogans, et ce qui me frappe, c’est à quel point ils sont à l’image de la mentalité du pays.
Celui de la France : « Tous ensemble vers un nouveau rêve bleu ». C’est presque aussi con « Qu’ensemble tout devient possible », surtout au vu des résultats.
Celui des Anglais me plait beaucoup, car il est terriblement Britannique :
« Playing with Pride and Glory ».
(Jouer avec fierté et gloire).
Mais celui que je préfère, c’est le plus poétique et bien sûr, il est Italien :
« Il nostro Azzurro nel cielo d’Africa ». (Notre bleu azur dans le ciel d’Afrique)
L’Italie, qui joue aussi en bleu, mais un bleu plus joli, presque du bleu Klein, s’appelle « La squadra azura » ( pour ceux qui ne s’intéressent pas à la poésie ).
Les Grecs, je ne sais pas trop ce qu’ils voulaient dire avec :
« Η Ελλάδα είναι παντού ! ». (La Grèce est partout !), ça ressemble à du Henri Gaino non ?
Le plus subtil, c’est celui du Brésil, vu que c’est sur un bus :
« Lotado ! O Brasil inteiro está aqui dentro ! ». (Le Brésil tout entier est à l’intérieur !)
Bon, tout ça, c’est des slogans de perdants, celui de l’Espagne :
« Ilusión es mi camino, Victoria mi destino ».
(L’Espoir est mon chemin, la victoire mon destin)
Comme quoi, il suffisait d’y croire au lieu de rêver.
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