À l’origine, le
lobby des cons n’était pas très bien organisé, c’est au fil des siècles qu’il a
peu à peu mis en place tout un réseau de communication et de propagande
redoutablement efficace.
Tant que les cons
étaient disséminés sur un vaste territoire, ils avaient des difficultés à
transmettre leur connerie et il était aisé de les repérer en rase campagne.
Maintenant qu’il a
sa disposition Internet et la télévision en plus du reste, sa suprématie sur la
pensée globale unique et générale est désormais sans limites.
C’est la raison
pour laquelle, mes chers camarades, il va falloir se serrer les coudes.
Se serrer les
coudes, c’est bien, mais on fait comment ?
C’est quoi, cette
position du Kama-Sutra ?
J’ai bien regardé
dans le manuel de solidarité, la position coudes serrés n’est même pas décrite.
Dans les milieux contestataires, il y a débat sur la question,
croyez-moi !
Certains pensent
qu’on doit serrer ses propres coudes, dans une attitude de repli stratégique,
d’autres, au contraire, qu’il convient de serrer les coudes de personnes ayant
des idées similaires aux nôtres.
Pendant ces
intéressants débats sémantiques, les cons pondent des lois, des décrets, se
gavent de mal bouffe, et passent leurs dimanches chez Ikéa. ( Je résume-raccourci
à l’extrême, tant est longue la liste des activités pratiquées par les
cons ! )
Toujours est-il que
le combat est inégal et qu’avec de tels amphigourismes, on a tôt-fait de
basculer du côté obscur, tel un Rigolus se transformant en Tristus dans Pif
Gadget, ou un Gibi en Shadock !
Car on objecte
souvent, que la connerie, vaste sujet, ça va ça vient et ceci cela et qui es-tu
toi, Ô misérable, pour décider du bien et du mal ?
Je dis
HALTE-LÀ !
On ne s’en sortira
pas si on commence à se diviser ou si l’on fait dans la nuance subtile et la
classification par degrés. L’ennemi, lui ne mollit jamais, il est con 24 heures
sur 24 !
J’en vois qui
doutent dans le fond de la classe, qui ont besoin d’une définition, qui ne sont
pas certains à 100 % de ne pas être un tout petit peu cons…
Attendrissant de
naïveté ! Le con, lui, ne faiblit pas.
S’il peut parfois
être effleuré par l’embryon du commencement d’un début de doute existentiel,
pour être con, il n’en est pas moins Homme, c’est uniquement en choisissant la couleur
de sa prochaine automobile à crédit.
Le petit enfant qui
s’éveille à l’absence de connerie sait très tôt dans sa vie balbutiante de
larve analphabète qu’il y a quelque chose qui cloche, qu’il est différent.
Si, tu ne ris pas aux éclats quand quelqu’un tombe, mais que tu vas l’aider
à se relever.
Si à la cantine tu
ne hurles pas comme un dément d’une façon étrangement spontanée quand les
frites arrivent,(te marginalisant irrémédiablement et pour toujours aux yeux du
troupeau)
Si tu ne comprends
pas pourquoi tout le monde braille et violente dans la cour de l’école, ni
pourquoi les garçons ne veulent pas jouer avec les filles, ( hélas, la connerie,
si elle n’est pas l’apanage du mâle, prend chez lui très tôt le dessus, car il
pense plus avec ses couilles qu’avec son cerveau )
Si tu t’étonnes
qu’on puisse se moquer de toi parce que tu as un vêtement qui ne correspond pas
à la normalité ambiante des petits uniformes de la mode.
Enfin, bref, si te
bornant à n’emmerder personne, tout le monde te fait chier, tu comprendras
qu’il est fort probable que tu ne fasses pas partie du puissant lobby des
cons !
Tu n’es pas tout à
fait comme les autres et il va falloir faire avec pour le reste de tes jours
sur Terre.
C’est effrayant, et
c’est pourquoi il faut se serrer les coudes, camarades, même si c’est difficile
et qu’on ne sait pas très bien comment s’y prendre.
2 commentaires:
Ma fille aussi a un un éveil philosophique récent au concept: alors qu'il y a peu j'aurais facilement crucifié n'importe quel ado s'affublant d'un blouson Chevignon, je dois avouer que je ressentais un soulagement à voir ma fille s'habiller - finalement- avec goût ... certes avec des Doc. Martins aux pieds comme une bonne part du troupeau .... mais des godasses affublées de petites fleurs qui rangeait définitivement le mot "mode" ou "fashion" à la baille pour lui donner, du ... "style" (prononcer "staïlleu" ine ingliche). Enfin un peu d'originalité, bref de personnalité dans l'ado que je croyais perdue, sacrifiée sur l'autel des "soldes", du marketing et consors.
Et ben ça n'a pas loupé: de retour du collège nombre de ses collègues se foutaient de sa gueule ... ou plutôt de ses pieds. Et elle, d'un éclair que je trouvais de génie (c'est MA fille, merde!), me demanda si on pouvait dire que la connerie était un mal répandu ... Allélouya.
Voilà un sujet bien casse-gueule que voilà. La connerie. Depuis Brassens, on n'ose plus traiter les cons de cons. Et puis il y a la maxime péremptoire et définitive qui veut que "on est toujours le con de quelqu'un". Si on l'associe à "il ne faut pas faire à autrui ce que l'on n'aimerait pas que l'on nous fasse", on n'est pas dans la merde.
Comment oser traiter quelqu'un de con, après tout ça ?
Il y a longtemps, j'ai lu "les Cons" de Frédéric Dard. C'était pas mal vu. Des cons, il y en a plein de sortes. Tellement plein que l'on se demande s'il n'y aurait pas une sorte de con faite exprès pour chacun. Parce que, oui, on l'est tous un peu, tout de même. Enfin sauf vous et Mr Popo (et aussi les nouilles martiennes et votre fille). Moi, je le suis, con. Je suis aussi beauf, des fois.
Le pire, c'est que ça ne me déplaît pas forcément, d'être con. La connerie des autres, oui, certes, est insupportable. Mais la sienne propre, celle qu'on revendique presque au motif du "je fais ce que je veux et si t'es pas content, tu te casses ou tu fermes ta gueule" est jouissive. Juste un exemple. Je suis un con de fumeur. C'est con de fumer. Mais si on me dit que c'est con de fumer, je vais accepter mon statut de con de fumeur. C'est un exemple con mais je le revendique.
Pour dire que moi, ça m'aurait pas beaucoup plu qu'on me prenne pour une Gitane à l'école. Parce que bon, hein, moi, je suis pas une fille, faut pas me prendre pour un con.
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