La télévision est noire.
Elle pourrait être colorée, bariolée, rose, orange, avec des trucs écrit dessus comme « nuit gravement à la santé mentale », mais non, elle est juste noire.
Le noir, c’est élégant, c’est consensuel, ça donne aux imbéciles l’impression d’avoir de la classe.
C’est du moins ce que s’imaginent les petits malins qui concoctent le design des machins à vendre. Bizarrement, le noir c’est aussi symboliquement l’absence de couleur du MAL.
La télé, c’est Darth Vador, c’est le Mal incarné. Comme le méchant de « La guerre des étoiles », elle ne cesse de te répéter « Je suis ton père,Luc ! » en parlant dans une boîte de conserve.
Pourquoi elle t’appelle Luc ?
Peut-être parce qu’elle te prend pour un trou du Luc mon ami !
Donc, dans cet appartement, il y avait cet écran géant, ce gouffre d’un mètre de large, noir, insondable et pour tout dire incongru lorsqu’il est inactivé.
La disposition des fauteuils, dans les foyers d’Homo-zappiens présuppose qu’on fait face à l’écran, s’il reste noir, on a l’air d’un con tourné vers cette surface vide.
Personnellement, je préfère regarder par la fenêtre ou parler avec les membres de mon clan, plutôt que subir la propagande de ce monde merveilleux aux dents saines, à l’haleine fraîche, et qui ne transpire pas sous les bras.
Mais, comme je suis super fort mentalement, après une semaine, nous étant habitués à la présence de ce rectangle noir, au point qu’on avait pratiquement oublié à quoi t’est-ce ça pouvait bien servir, par curiosité, j’ai regardé le journal de France 2.
D’abord rassuré, il ne se passait rien de dramatique dans le monde, puisqu’on ne parlait que de la canicule qui s’était abattue sur la France et des retours de vacances des Parisiens, j’ai peu à peu senti l’angoisse m’étreindre.
IL FAISAIT CHAUD !
TRÈS CHAUD, au mois d’août, en été. Et catastrophe, juste au moment où les Parisiens allaient traverser la France des ploucs pour revenir vers la civilisation et ça, c’est quand même intolérable.
Embouteillages, canicule, attention, beaucoup boire, faire des poses, heureusement, disait crétine, nous avons la chance d’avoir la climatisation, c’est terrible disait crétin, je suis obligé de dormir dans le garage…Etc, etc…
Bien que passablement effrayé, je prenais la route moi aussi le lendemain sous un soleil radieux, et très tranquillement, vitres ouvertes, cheveux au vent sur une autoroute pas vraiment encombrée, je rentrais paisiblement, dans le sens contraire à la logique urbaine.
Après, ça, j’ai entendu à la radio qu’un ouragan menaçait.
Il menaçait quoi ?
Ramouzens ?
Paris ?
Non, il menaçait de nuire gravement à la santé des américains du nord !
On suivait heure par heure l’événement, plus attentivement que s’il s’agissait du débarquement des alliés en Normandie.
Personnellement, j’en ai un peu rien à faire d’un ouragan sur les USA. Je m’en fiche à peu près autant que les amerloques s’en foutaient de la tempête de 1999 dans le Gers. Pas par indifférence aux malheurs d’autrui, mais juste parce que c’est à l’autre bout du monde et que même en soufflant très fort dans le sens contraire, même si on s’y mettait tous, on a peu de chance de repousser un ouragan.
Mais bon, il s’était mis à faire moins chaud et les Parisiens étaient finalement bien rentrés.
Pourquoi seigneur, ( je m’adresse à Darth Vador ), pourquoi tant d’angoisse, tant de peur du lendemain, tant de temps d’antenne pour la PEUR ?
En fait, c’est juste pour vendre du sucre !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire